Maintenant que tu sais comment prendre soin de ta vulve, on s’est dit que c’était aussi supra-important de connaître sa représentation dans la culture populaire à travers les époques. Après tout, ta vulve et toi, c’est pour la vida !
Parfois sacrée, d’autres fois ignorée ou même bannie de l’art et des publicités, la vulve en a vu de toutes les couleurs ! On a regroupé plusieurs anecdotes historiques pour te permettre de la connaître sous toutes ses facettes.
Vamos a la vulva 🚀
Au IIIe millénaire avant J.-C., la vulve est symbole de fertilité 👶🏻
Pourquoi cacher l’origine du monde ? C’était l’avis des Sumériens (a.k.a le peuple de l’Irak actuel) au IIIe millénaire avant J.-C. À cette époque, ils vénéraient Ishtar, la déesse de l’amour, du sexe et de la fertilité… et sa vulve. Le sexe féminin était autant considéré que le sexe masculin pour son rôle dans la reproduction. Par exemple, des vulves en argile ont été découvertes dans le temple d’Ishtar. Une autre déesse de l’époque a joué un rôle important dans l’histoire de la représentation de la vulve : c’est la déesse Nin-imma, qui représentait les organes génitaux féminins.
Les textes et un des hymnes sumériens ont aussi contribué à la bonne réputation de la vulve. Dans les premiers, le goût du fluide vaginal était qualifié d’“agréable”. Dans le second, les Sumériens chantaient l’histoire d’une jeune femme heureuse de découvrir que les poils de sa vulve avaient poussé (là-bas, 0 pression sur l’épilation !). Bref. Chez les Sumériens, la vulve était au top du top !
En Égypte Antique, la vulve est reine 👑
Plus tard, en Égypte Antique, la vulve est synonyme de bonheur et de régénération. L’historien et géographe Hérodote raconte que les voyageurs qui arrivaient par le Nil étaient accueillis par des femmes qui montraient fièrement leur sexe depuis la rive...
Selon un autre historien, Diodore de Sicile, quand un taureau sacré mourait et était remplacé, seules les femmes étaient autorisées à rendre visite à son remplaçant durant les quarante premiers jours de son “règne”, les cuisses écartées.
En Grèce et à Rome, c’est plutôt le règne du pénis 🌵
David par Michel Ange (Renaissance)
À la même époque en Grèce et en Italie, douche froide pour la vulve. Le phallus prend toute la place dans l’art, à part :
-sur les objets rappelant la fécondité uniquement, comme des statuettes de femmes enceintes touchant leur vulve,
-lors de cérémonies de sorcellerie à Eleusis (Grèce) et Syracuse (Italie), où les femmes enlevaient le bas pendant qu’on brandissait des symboles de vulves et des gâteaux en forme de vulves autour d’elles… #Miam,
-dans certains écrits latins de l’époque, où les auteurs ont inventé les personnages de nymphomanes victimes de leurs sexes complètement déréglés, comme Messaline, imaginée par le poète Juvénal. Dans son récit, cette impératrice est une éternelle insatisfaite car personne ne peut assouvir les désirs de sa vulve… À cause de cette dernière, tout son entourage souffre de sa libido sans fin.
La représentation du sexe féminin n’est donc pas du tout au max de sa popularité et c’est le sexe masculin sous les projecteurs. Le phallus est vénéré parce qu’on lui attribue des pouvoirs magiques : il est censé protéger la cité contre tous les dangers (beaucoup de pression pour le sexe masculin !). Pour le vénérer, on organisait souvent des phallophories, sortes de défilés de phallus géants en bois.
Si tu as un doute, rendez-vous au Louvre : impossible de louper tous les dieux et les héros nus, pénis à l’air… alors que les statues de femmes sont rarement dénudées. Et si elles le sont, leur sexe n’a ni lèvres, ni clitoris. Bref, sans vulve… #FakeAlert.
Au Moyen-Âge, la vulve intègre les églises ⛪️
Sculpture Sheela Na Gig (XIIe siècle)
Au Moyen Âge, on trouve dans certaines églises et cathédrales européennes des sculptures de femmes nues avec une énorme vulve. Leur nom ? Les Sheela Na Gig. Leur objectif ? Cela dépend des théories : l’une d’elles dit que ces sculptures féminines éloignaient les démons, l’autre qu’elles étaient des “assistantes divines” pendant les accouchements. Après cette période, la vulve est retombée peu à peu dans l’oubli…
Entre le XVIIeme et le XXeme siècle, la vulve cachée sort de l’ombre 🖼
Avant de remonter dans l’estime des artistes, le sexe féminin était encore caché au XVIIeme siècle. Sur des sculptures et peintures de femmes nues, on le masquait, soit avec un morceau de tissu, soit avec une feuille de vigne, comme sur le tableau de Masaccio “L’Expulsion”. Même histoire au XVIIIème siècle (le siècle des Lumières) : la vulve de la sculpture en bronze de Diane de Jean-Antoine Houdon a même été rebouchée par les conservateurs du Louvre !
"L'origine du monde" (1866)
En 1866, la vulve revient sur le devant de la scène grâce au tableau réaliste “L'Origine du monde" peint par Gustave Courbet. C’est l'une des premièrs représentations de la vulve du mouvement artistique réaliste. Le truc, c’est qu’elle n’a été présentée au public qu’en 1995. Aujourd’hui, on la trouve encore au Musée d’Orsay.
Au XXIeme siècle, la vulve fait encore débat 🙄
Aujourd’hui, et notamment depuis le développement de la pornographie sur Internet au début des années 2000, les images de sexes féminin sortent de notre intimité. Et pourtant, beaucoup de débats sont encore d’actualité concernant la diffusion de ces images, alors que les pénis ont toujours été vus (sous forme d’images, de sculptures, etc.) et rarement cachés.
Par exemple, une publicité signée Nana a fait polémique en 2019… faisant l’objet de plus de 1000 signalements auprès du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. L’accusation ? Avoir mis en scène des “vulves stylisées en fruits, en gâteaux, en objets, chantant en chœur”. Et si le CSA a tranché en faveur de la marque, en affirmant que ces images ne dégradaient en rien le corps de la femme, ces nombreuses réactions négatives prouvent une fois de plus que la vulve n’a pas encore sa place dans tous les esprits...
Megumi Igarashi à côté de l'une de ses œuvres
Autre exemple bien plus sévère, celui de l’artiste plasticienne japonaise Megumi Igarashi. Elle a fait de “l’art vaginal” sa signature, à travers des objets en 3D représentant sa vulve (coques de smartphones, bijoux, etc.). Le 16 juillet 2020, elle a été condamnée à une amende de 400 000 yens (environ 3172,61 euros) par le Cour suprême de Tokyo pour "obscénité", alors qu’elle voulait seulement “casser le tabou de la représentation du sexe féminin”.
La vulve, uniquement symbole de fertilité ou d’objet de jouissance pour les hommes ? Qu’elle soit vénérée ou dénigrée, on attend toujours qu’elle sorte du tabou et fasse enfin partie de l’imagerie collective pour ce qu’elle est, tout simplement : un organe féminin, aussi bien reproducteur que source de plaisir... pour les femmes ! 🔥💜